Austausch Projekt

Austausch Projekt from Élise Desaulniers on Vimeo.

Élise Desaulniers – Lillian Hoffmann

Deux photographes. L’une habite Montréal, l’autre Paris. Elles s’appellent Élise Desaulniers et Lillian Hoffmann. Elles se rencontrent en 2007 lors d’un stage à Marseille animé par le photographe français Christophe Bourguedieu. De là naissent leur complicité et leur désir de travailler ensemble.

Elles imaginent un jeu de piste qui se déroule dans leurs deux villes et qui consiste pour chacune à faire entrer l’autre dans l’appartement d’un ou d’une ami(e). Une adresse, un plan, toujours des clés : seuls indices que l’une des photographes transmet à l’autre. L’habitant des lieux n’est pas là. Pour une ou deux heures. Le temps d’observer, d’interroger, de photographier les lieux, de faire la connaissance de celui ou celle chez qui elle s’est introduite.

Le  projet a pris le nom de « Austausch Projekt ». «Austausch » (échange en allemand) renvoie aux échanges scolaires au cours desquels une famille accueille le correspondant étranger de son enfant qui sera lui-même, à son tour, accueilli par la famille de son correspondant.

Austausch Projekt questionne l’identité, trois identités plus exactement.

L’identité des inconnus d’abord. Qu’est-ce qu’un appartement révèle de ses habitants? Comment passer de la trace (un lit défait, une poubelle vide, un livre de chevet) à l’animal ? Quelles sont les pistes à suivre, les bons indices ? Élise et Lillian se sont posés très concrètement ces questions lors de chaque visite, en essayant d’imaginer les locataires anonymes de ces lieux qui leur étaient offerts pour quelques heures.

L’identité des amis ensuite. Les amis de nos amis sont-ils nos amis ? Dis moi qui tu fréquentes et je te dirais qui tu es. Nos amis nous reflètent et nous révèlent. En partageant leurs amitiés Élise et Lillian ont approfondi la leur. Elles ont collaboré, découvert leurs réseaux. Il y a un peu de Facebook dans Austausch Projekt.

L’identité des photographes enfin. Faire un portrait c’est un peu parler de soi. Prendre un détail de couette aussi. Car ce que l’on perçoit d’un lit défait, d’une plante de salle de bain ou d’un appartement anonyme dévoile sa propre sensibilité au monde. Et que dire de notre rapport aux inconnus ?  Où commence l’intime et où finit le montrable ? Élise et Lillian n’ont pu faire l’impasse d’une réflexion sur leurs identités de photographes dans ce projet. Sans doute cette troisième identité est-elle la moins saisissable. Mais c’est peut-être la plus intéressante: car c’est une identité qui se construit, une identité en devenir. Les photographies de Austausch Projekt ont été prises entre 2008 et 2009. Une exposition de Austausch Projekt a eu lieu au mois d’août 2010 à la galerie librairie Nota Bene, accompagnée d’une petite édition regroupant les photographies et les textes. Austausch Projekt a ensuite été pensé comme film-photographique et conçu comme tel début 2014.